Initiative. Laura Le Goff crée un chronogramme des compositrices
Publié sur le blog de l’action culturelle de l’OSB le 24 avril 2019. Propos recueillis par Isabelle Bigot.
« Collaboratrice de l’Orchestre Symphonique Universitaire de Rennes et de l’OSB, Laura Le Goff a recensé avec son collègue de l’OSUR Jérémie Martin les grandes compositrices dans un chronogramme. Plus d’une centaine de compositrices de l’Antiquité à aujourd’hui y figurent. L’OSB salue cette initiative.
D’où t’es venue l’idée de créer ce chronogramme ?
L’idée de ce chronogramme m’est venue il y a deux ans environ lorsque j’ai retrouvé chez moi une « Généalogie des compositeurs » qui accompagnait à l’origine un CD des éditions Le Voyage Musical.
En le regardant en détail, j’ai remarqué qu’il n’y avait aucune femme, à part Hildegarde von Bingen, sur environ 200 noms ! Cela m’a beaucoup choquée, et j’ai su à ce moment-là que je ferai un jour son pendant féminin… Et lorsqu’on s’est lancés dans le projet compositrices avec l’OSUR, en partenariat avec le Service Culturel de l’Université de Rennes 2, je me suis dit que c’était le bon moment pour le faire.
Comment s’est déroulé ton travail ? Sur quels documents t’es-tu appuyée ?
Je me suis appuyée sur plusieurs documents différents. Par exemple, je connaissais déjà un certain nombre de compositrices via les chroniques d’Aliette de Laleu sur France Musique, des vidéos Youtube via lesquelles j’avais découvert pas mal de pièces, et un catalogue d’œuvres symphoniques par des compositrices, consultable ici. Ensuite, avec l’aide de Jérémie Martin, également à l’OSUR, on a essayé d’engranger le maximum de noms, en consultant les articles publiés sur France Musique, Radio Classique, mais aussi Wikipédia. Il existe un article recensant de façon exhaustive les compositrices à travers les époques. Je n’ai pas eu le courage de compter tous les noms qui y figurent ! Le plus dur a été finalement de devoir faire des choix parmi tous ces noms, surtout pour les périodes les plus récentes… Et là clairement il faut assumer de ne pas pouvoir mettre tout le monde et de laisser de côté des compositrices formidables, puisqu’il fallait conserver un document lisible. J’ai essayé de privilégier les compositrices aux carrières les plus remplies, mais aussi en montrant la diversité des pays d’origine. Notre culture dans le domaine est souvent très centrée sur l’Europe, parfois un peu l’Amérique du Nord, mais rarement au-delà. D’autres personnes auraient sans doute fait d’autres choix, ce qui est toujours le cas lorsqu’il s’agit d’élaborer ce genre de documents très synthétiques. Ce document sera sans doute amené à évoluer, en fonction de mes recherches futures.
Quelles œuvres de compositrices souhaiterais-tu entendre plus souvent en concert ?Alors j’ai découvert une pépite qui est la Symphonie en Fa mineur de Dora Pejačević, croate, début du XXe siècle. Je suis immédiatement tombée amoureuse de cette symphonie à la première écoute, et maintenant je la connais par cœur. Je frissonne rien qu’à l’idée de l’entendre en concert un jour ! Elle a aussi composé un Trio pour violon, violoncelle et piano très émouvant. Il y a également les symphonies d’Emilie Mayer. Nous jouons la 5ème cette année, mais clairement les autres sont également très belles. J’aime aussi beaucoup les symphonies d’Alice Mary Smith et de Nina Makarova, dans des styles très différents. Le Concerto pour alto de Rebecca Clarke est également un petit bijou… De manière générale j’aimerais entendre toutes les compositrices plus souvent en concert, car on ne peut pas remplacer l’émotion ressentie à l’écoute d’une œuvre jouée en direct par un orchestre ! »