Mondes fantastiques – note de programme (printemps 2024)

Sorcières, fantômes, esprits et autres êtres mystérieux peuplent un imaginaire fantastique où le surnaturel vient jouer avec les limites du réel, rendant poreuses des frontières rassurantes. Et quelle plus grande et mystérieuse frontière que celle séparant la vie de la mort ? Il y a une inquiétude mais aussi un jeu à l’œuvre dans le fantastique, une hésitation constante entre ce qui semble vrai et ce qui ne l’est pas, entre le rêve et la réalité.

Beaucoup de compositeurs se sont emparés de ce jeu et de cette inquiétude. L’OSUR a choisi Berlioz pour être, avec notamment le Final de sa Symphonie Fantastique, le parangon de son deuxième programme de la saison. Dans ce Final, sorcières et étranges créatures se retrouvent pour des funérailles grinçantes et entonnent une parodie du Dies Irae, célèbre mélodie de la liturgie grégorienne ayant traversé les siècles, symbole musical de la Mort dans l’imaginaire collectif. Le public sera surpris de constater que cette petite mais solennelle mélodie se retrouve disséminée à travers d’autres œuvres du programme concocté par l’OSUR.

L'île aux morts par Arnold Böcklin. Huile sur bois, Alte Nationalgalerie, Berlin
L'île aux morts par Arnold Böcklin. Huile sur bois, Alte Nationalgalerie, Berlin

Que ce soit dans Prélude et Mort d’Isolde de Wagner ou encore L’Ile des Morts de Rachmaninov, la place de la Mort n’est pas à démontrer. Le premier est tiré de l’opéra Tristan et Isolde, le deuxième est un poème symphonique inspiré par un tableau de Böcklin. La mort y est dépeinte à la fois dans ce qu’elle peut avoir d’inquiétant mais aussi de profondément onirique et mystérieux.

Quant aux créatures et autres esprits qui jalonnent notre vision du fantastique, ils ne seront pas en reste dans Une Nuit sur le Mont chauve de Mussorgski, un autre poème symphonique inspiré cette fois par une nouvelle mettant en scène le sabbat des sorcières, et L’Étrange Noël de Mr Jack de Danny Elfman, une suite symphonique tirée de la musique du film de Henry Selick explorant l’univers aussi sombre que malicieux et fantasmagorique de Tim Burton.

Rêve ou réalité, vie ou mort, réel ou surnaturel ? Nos compositeurs n’ont pas eu vent de telles frontières…

V.Josse

Ce programme sera donné en concert à l’occasion de 4 concerts :